Ces textes ont été écrits en 1976. « Il faut qu’on en cause, Docteur… » est resté inédit. Six ans de médecine au kibboutz est une série de quatre articles qui ont été publiés en 1976 et 1977 dans la revue de l’Association des Médecins Israélites de France (A.M.I.F.).
« Il faut qu’on en cause, Docteur… »
Au début des années 1950, Abraham Estin débute sa carrière dans un village de l’Oise. Là, il apprend progressivement ce que cela implique d’être non seulement un « médecin de famille », mais le médecin de (toute) la famille.
Se sentant démuni, car il se rend compte que ses études ne l’ont nullement formé à l’écoute en profondeur de l’individu relié à son environnement familial et social, il cherche vainement des réponses dans des livres de psychiatrie.
Jusqu’au jour où il découvre les Techniques psychothérapeutiques en médecine de Michael Balint, qui devient son livre de chevet. Dorénavant il s’appuiera de son mieux sur ces éclairages venus valider ses intuitions personnelles. Il appliquera cette conception élargie du regard médical dans son expérience à la campagne, puis en ville, et enfin, en Israël, dans un kibboutz
Néanmoins, il ne parviendra jamais à apaiser totalement ses doutes et ses scrupules quant à la validité de ses interprétations en psychosomatique, et continuera de se sentir isolé dans sa vision de la véritable responsabilité du médecin. (Cliquez ici pour voir la page manuscrite qui en témoigne.)
Six ans de médecine au kibboutz
Abraham Estin a exercé pendant six ans la médecine en Galilée, à Ein Hashofet, à partir de 1970. Depuis ce temps-là, le kibboutz a, d’une façon générale, beaucoup perdu de ses principes collectivistes. Néanmoins cette description analytique reste pertinente du point de vue historique en montrant comment la question de la santé était abordée dans cette institution.
Sur le plan personnel, le témoignage à la fois sobrement admiratif et subtilement critique d’Abraham Estin est caractéristique de sa propre pensée, toujours nuancée. Enfin, son approche personnelle humaniste de la médecine se découvre clairement au long de ces lignes.
I. Le nouvel immigrant
Comment un médecin décide-t-il à cinquante ans passés de quitter la banlieue parisienne pour venir exercer dans un kibboutz ? Comment se déroulent son installation et celle de sa famille, l’apprentissage de la langue et les premiers pas dans cette collectivité, au sein de laquelle il va vivre sans en être membre ?
II. Le cadre matériel et humain
Au sortir de la médecine libérale française, la découverte de la médecine socialisée, avec la gratuité des soins et ce qui en découle – le médecin étant fonctionnaire de la Caisse nationale des Malades. Le dispensaire, les infirmières – qui sont, elles, membres du kibboutz –, et la Commission de Santé, qui empêche la machine d’avoir un caractère trop bureaucratique.
III. Les kibboutznikim et la médecine
La très vive sensibilité des membres du kibboutz aux problèmes de santé, et la façon dont elle s’inscrit dans la structure même de la vie collective.
IV. La vie de tous les jours
Dans quelle mesure le médecin peut-il « imposer » sa personnalité au kibboutz, dont il n’est pas membre ? La disponibilité que l’on attend de lui, les difficultés pour faire respecter le secret médical et tenir compte du fait que le patient est membre d’une collectivité.
Les deux options dans la vie quotidienne du médecin et de sa famille : rester sur son quant-à-soi ou se mêler à la vie du kibboutz sans avoir la possibilité de véritablement « s’intégrer ». Abraham Estin et son épouse ont choisi la seconde option.
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La thérapeutique au pays des rillons
Sans oublier ce petit bijou, qui faisait partie des classiques d’Abraham Estin et qu’il aurait pu signer lui-même. L’auteur en est Édouard de Pomiane (1875-1964), à la fois médecin et grand gastronome devant l’Éternel.
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