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Voir Polyglottie.
Chapitre 14, p.86 La décision de partir
« Chaque après-midi, c'était le défilé de toute la parentèle, thé et confiture, embrassades et larmes, recommandations et conseils. »
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Au printemps 1930, Yossef se décide à partir en Belgique, où se tient une exposition internationale à Liège, une agence facilitant l’obtention d’un visa de séjour temporaire
En outre, son ami ’Haïm Kantor, titulaire du même diplôme que lui, est justement là-bas depuis trois mois. Au fil des jours, l’énorme valise s’emplit d’un énorme stock de vêtements chauds, de vingt kilos de saucisson, sans parler des paquets que les uns et les autres le chargent de transmettre. A la dernière minute, il faut même acheter une petite valise pour compléter la grande. Yossef reçoit les bénédictions de sa grand-mère et les avertissements subtils de son oncle Leyser, lui recommandant de ne jamais oublier pourquoi les juifs étaient sortis d’Égypte. Cela lui rappelle toute la solennité et la symbolique de Pessa’h, la fête de Pâque. La nuit précédant son départ, il rêve pour la première fois de son père, qui lui relate comment il a été exécuté. Wolf donne aussi son point de vue sur la manière dont Yossef a mené sa vie jusqu’à présent.
Chapitre 15, p.93 Le voyage
« A Varsovie, il fallait que je change de train. Lorsque je descendis sur le marchepied du wagon, un sinistre craquement précéda la catastrophe. Une ridicule poignée inutile à la main, je contemplais stupidement la grande valise, tombée sur le quai, béante, et les saucissons éparpillés, roulant dans tous les sens. Je dus avoir recours à la ficelle. Hargne et rage, honte et amertume. »
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A la gare, la séparation est brûlante d’émotion contenue. Pour dédramatiser, Rivtzia donne à Yossef à la dernière minute une grosse ficelle qu’il a refusée auparavant, « au cas où »… Jusqu’à Varsovie, Yossef reste plongé dans des rêveries. De Varsovie à Liège, le voyage dure deux nuits et un jour, donnant au jeune homme l’opportunité d’observer nombre de voyageurs de toutes nationalités, tous très bavards.
A l’approche de la frontière belge, il ne reste plus qu’un homme dans le compartiment, que Yossef en son for intérieur a surnommé « Cran d’arrêt » à cause de son physique. Quand des policiers entrent pour contrôler les papiers, l’homme fait comme si l’énorme valise de Yossef lui appartenait, épargnant à celui-ci d’être arrêté et réexpédié en Pologne. Car qui croirait qu’il aurait emporté vingt kilos de saucisson pour un bref séjour temporaire ? Ainsi, c’est l’achat de la petite valise qui a sauvé Yossef ! Ensuite, l’homme se lance dans un monologue plein d’empathie et de finesse malgré son ton bourru. C’est un mineur polonais, autodidacte, devenu syndicaliste. Il explique à cet « enfant de chœur » la différence essentielle qu’il y a entre les Polonais et les Juifs dans la façon dont ils vivent l’émigration et sont traités en tant qu’étrangers.
Chapitre 16, p.100 De Liège à Paris
« Debout dans le couloir, compressé par des dizaines d'ouvriers ensommeillés, je faisais le bilan. Quinze jours en dehors de la maison, un franc de gagné, beaucoup de désillusions. Mais l'avenir intact. La France m'attendait, le Paris de Monsieur Eiffel et de Maryïé m'ouvrirait ses portes. J'allais enfin pouvoir démontrer de quoi j'étais capable. Je souriais avec confiance. »
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Yossef est accueilli à la gare par ’Haïm Kantor, qui lui fait part de sa décision de gagner Paris : seule une grande ville peut offrir des possibilités à un illégal. Yossef veut tout de même tenter sa chance, mais il souscrit rapidement au constat de son ami. Il n’y a rien à espérer à Liège. Le passage de la frontière franco-belge se fait beaucoup plus facilement qu’il ne l’aurait cru.
A Paris, enivré par sa liberté toute neuve, il n’a de cesse d’arpenter les rues. Il tient à aller dès le lendemain à la tour Eiffel, le symbole si fort d’espérance que lui a transmis Mariyé, la marchande de volailles au grand cœur.
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